Concert au Bar des Flots le 18 novembre

Une ambiance du tonnerre !

Un café comble et une ambiance du tonnerre : Geoffrey Oryema, chanteur-auteur- compositeur, a mis le feu au Bar des Flots, le 18 novembre dernier, avec des titres de son nouvel album « From the heart » contre les enfants soldats. Lorsqu’il a entonné son tube, « Ye ye ye », générique de l’émission « Le Cercle de Minuit », le public, entassé dans la salle, a littéralement communié avec l’artiste ougandais, reprenant le refrain en choeur. On a dansé, chanté, frappé dans ses mains… « C’était une soirée magique ! » a commenté Jean-Jacques Mel, le producteur de Geoffrey Oryema (La Mouche Production, Ploemeur).

Le café est situé sur l’avenue qui mène au Port de Pêche de Lorient. La soirée était organisée par Les Voisins de Jardin en faveur de la scolarisation des jeunes filles maasaïs qui luttent contre l’excision, via l’association Terres de Couleurs à Ploemeur. Le chèque des bénéfices des Artdineries 2012 a été remis à Kenny Matampash, représentant du peuple maasaï, en visite à Lorient dans le cadre de la semaine internationale de la solidarité.

Lire ci-dessous.

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Le maasaï et le chanteur unis contre l’excision en Afrique

Rencontre hier au Bar des Flots entre le chanteur auteur-compositeur, Geoffrey Oryema, et Kenny Matampash, porte-parole des Maasaïs au Kenya.

Rencontre entre deux Afriques, en novembre, au port de pêche de Lorient, dans le cadre atypique du Bar des Flots : Kenny Matampash Ole Meritey, porte-parole du peuple maasaï débarqué tout juste du Kenya, était accueilli par Goeffrey Oryema, chanteur exilé en France depuis 1977. L’un se bat pour l’écologie pastorale d’un peuple nomade, l’autre contre les enfants soldats. Ils ont une cause en commun : la lutte contre l’excision des femmes de leur pays. Portraits croisés.

Kenny Matampash parcourt le monde pour le sensibiliser à la cause des Maasaïs. Le 18 novembre dernier, il débarquait tout juste du Kenya à Lorient, via un détour par Paris, où il a notamment participé à une réflexion autour des peuples premiers – Kogis, Aborigènes, Navajos et Maasaïs – avant de s’entretenir avec les représentants belges de l’ONG « Respect for change » qui envisagent de produire un film documentaire sur la problématique de l’excision en Afrique de l’Est, dont le Kenya.

Lors de ses déplacements, pas question pour lui d’adopter l’allure occidentale. Il avance à la rencontre de Geoffrey Oryema, jambes nues, enveloppé dans un tissu rouge et bleu à carreaux, hérité d’Ecosse en hommage à Joseph Thomson, un colonisateur philanthrope qui refusait de voir dans les Maasaïs de sanguinaires cannibales.

Une collecte de fonds à Lorient

Le terreau de leur rencontre passe par une collecte de fonds au profit de la scolarisation de collégiennes maasaïs en internat, une manière pour elles d’échapper à une mutilation par l’excision (1). Un rite «encombrant» dont sont victimes 2 millions de fillettes chaque année dans 28 pays d’Afrique. Le monde compte 150 millions de femmes mutilées… L’Afrique moderne voudrait voir disparaître cette pratique douloureuse.  Geoffrey Oryema en a fait un combat en prêtant ses talents de musicien-compositeur au clip de Tiken Jah Fakoly, « Non à l’excision », sur un texte de Magyd Cherfi (Zebda), tourné et réalisé au Mali par Jessy Nottola, avec le soutien de l’ONG belge Respect (Barclay/Respect).

Le chanteur a fui l’Ouganda d’Amin Dada pour se réfugier en France après l’assassinat de son père Erinayo Wilson Oryema, alors ministre. Depuis, l’artiste s’est engagé pour la cause africaine, porté par le label Real World de Peter Gabriel qui a édité son premier album « Exile » en 1990. Produit en février 2012 par La Mouche Production à Ploemeur où il vit aujourd’hui, son dernier opus, ”From the heart”, dénonce l’utilisation d’enfants soldats sous la forme d’une lettre ouverte à l’adresse du commandant Joseph Kony, recherché par la Cour pénale internationale. Celui-ci est notamment accusé d’avoir enrôlé de force 50.000 à 80.000 jeunes garçons dans le Nord de l’Ouganda, en République démocratique du Congo, en Centrafrique et dans le Sud du Darfour, avec la protection du gouvernement soudanais qui lui a offert refuge.

Le droit à une culture ancestrale

Kenny Matampash fait aussi partie de cette Afrique qui revendique que soient appliquées sur son sol les valeurs fondamentales des droits de l’homme, mais qui demande aussi le droit de vivre une culture qui échappe aux règles de l’Occident. Après des études en sociologie et en écologie, ce sage et leader respecté de son peuple de nomades a participé au projet de déclaration des Nations Unies sur les droits des populations autochtones entre 1993 et 1995. Il a aussi fondé la «Neighbours Initiative Alliance» (NIA), une ONG de défense des zones pastorales (2), domaine pour lequel il est consultant auprès de la Banque Mondiale.

Maïtha Lobjois, de Terres de Couleurs, association-relais de la NIA en France, explique que « la culture ancestrale du peuple maasaï est en passe de disparaître. Comme tous les peuples premiers, leur sagesse légendaire est mise en exergue. Seul le rite séculaire de l’excision reste une entrave à leur parfait équilibre. Pour Kenny, il est nécessaire de le faire disparaître et de le remplacer par un rite alternatif qu’il a lui-même expérimenté pour sa fille. Nous les accompagnons dans cette démarche en leur fournissant des outils pédagogiques et en scolarisant neuf jeunes filles au Collège Sajiloni près de Kajiado. Elles-mêmes deviendront des émissaires de cette cause».

Kenny a reçu en main propre, le 18 novembre, les fonds collectés par Les voisins de jardins, dans le cadre de la 5e édition des Artdineries, accueillie en septembre dernier sur le site du Dolmen du Possible, une association d’initiatives citoyennes dont fait partie Geoffrey Oryema. 450 € ont été recueillis lors de la vente aux enchères des productions artistiques de monsieur et madame Tout-le-Monde sur le thème du portrait, soit l’équivalent d’une année de cours en internat pour une élève.

Geoffrey Oryema a accepté  de se produire gratuitement à cette occasion. La soirée, assortie d’une collecte au chapeau et d’une vente de bijoux issus de l’artisanat maasaï, a permis de réunir les fonds pour une nouvelle année de scolarisation. Un succès. Le financement de la scolarisation de huit jeunes filles étant aujourd’hui quasiment acquis pour Terres de Couleurs, reste pour elle à trouver celui de la dernière des neuf collégiennes.

Des conférences

Cette soirée marquait le point de départ d’une série de conférences dans le cadre de la Semaine internationale de la solidarité, relayée par le Crisla (3). Le lendemain, à 20 h, dans le cadre du Festival Alimenterre, Kenny Matampash intervenait au Lycée Dupuy de Lôme sur le thème de l’accaparement des terres, après la projection de « Planète à Vendre ». Le film, de 90 minutes, a été réalisé par Alexis Marant et produit par CAPA Presse TV et ARTE France en 2010. Ont suivi des interventions grand public et dans des lycées de la région lorientaise sur le thème de « la culture ancestrale maasaï et son devenir » où la question de l’excision est notamment abordée au cours de débats.

(1)   Ablation du clitoris, une pratique interdite en 2001 au Kenya sous peine de prison et d’amende, interdiction renforcée par une loi en septembre 2011, mais toujours pratiquée dans la clandestinité au nom d’un rite ancestral.
(2)   Organisation non gouvernementale dirigée par K. Matampash Ole Meritey.
(3)   Centre de ressources sur la solidarité internationale, le développement durable, du local au global, les droits humains, la pêche.
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DU KENYA A LA BRETAGNE

C’est le Finistérien Xavier Peron qui met Kenny Matampash Ole Meritey sur la voie de la Bretagne. L’écrivain, qui vit aujourd’hui à Angers, a consacré sept ouvrages à son peuple et co-réalisé deux films : Terre interdite, avec Kislin Selle Fyan, qui a obtenu plusieurs prix en 2007 et en 2008, et Maasaïïtis, avec Cédric Klapisch, film projeté par Terres de Couleurs, salle Port-Blanc au centre culturel Océanis de Ploemeur, le 22 novembre à 20 h 30. L’association Breizh Solidarité Maasaï de Quimper, issue des actions de Xavier Péron, a permis, en lien avec Kenny Matampash, de réunir, en 2012, des fonds pour la construction d’un puits sur des terres kenyannes brulées par la sécheresse (56.000 €). Une partie de la somme a été octroyée par le Conseil général du Finistère. Le bétail a aussi péri. Les membres de l’association ont parrainé l’achat d’un nouveau cheptel : 60 vaches à 100 € la tête.

Plus d’informations sur :
http://www.niakajiado.org
pour la Neighbours initiative alliance,
http://terres-de-couleurs.blogspot.fr/
pour Terres de couleurs,
http://www.youtube.com/watch?v=BobERnTzlPk
pour visionner un extrait de « Planète à Vendre »,
http://www.dailymotion.com/video/x4a7bi_tiken-jah-fakoly-non-a-l-excision_music
pour visionner le clip « Non à l’excision »
http://www.respectforchange.org
pour Respect for Change

2 commentaires pour Concert au Bar des Flots le 18 novembre

  1. Maïtha Lobjois dit :

    Merci !!! J’ai enfin le temps de tout regarder et à la veille de notre assemblée générale du 24/01 de me replonger dans cette ambiance superbe !!!

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    • C’est vrai que cette soirée était réellement exceptionnelle. Je crois que tous ceux qui étaient présent ce 18 novembre ont passé un excellent moment. D’ailleurs, le Bar des Flots n’était pas assez grand pour accueillir tout le monde. Certains ont fait demi-tour devant la foule compacte qui s’était déplacée. Il y avait là tout l’esprit des Artdineries : de la convivialité, des rencontres, du dialogue, de l’art et de la bonne humeur, en toute simplicité. Rendez-vous maintenant le samedi 25 mai pour de nouvelles Artdineries, au Bar des Flots. Le jardin sera ouvert derrière le café pour un repas sur grandes tablées, avec du rire, de la musique, de la peinture, de la sculpture, du théâtre, de la magie et des enchères… Tout ce qu’on aime…

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